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Impro #4: Ton Discours Tu Structureras

Impro #4: Ton Discours Tu Structureras

Après le silence, voici la suite de la série des commandements de l’improvisateur: structurer son discours!

En effet, la musique est un langage à part entière. Abstrait, certes, car non vecteur de sens explicite, mais il s’adresse (généralement) aux humains, qui sont habitués au discours parlé, à la logique du langage.

C’est donc naturellement que les structures d’un discours parlé (ou d’une conversation) s’appliquent au langage musical: on retiendra plus facilement l’attention de l’auditeur en structurant une improvisation comme un discours ou une conversation. Cela permet également de s’aider à développer une idée, à construire un solo, avec des motifs qui reviennent, des phrases qui s’enchaînent logiquement, des questions et des réponses.

Cela veut aussi dire se répéter, et reformuler une idée de différentes manières, tout comme on le ferait pour faire passer un message dans une conversation.

Macro structure: le plan

La structure “macroscopique” du solo est souvent un aspect négligé, et c’est ce qui peut faire une grosse différence entre un soliste débutant et une improvisateur confirmé (c’est aussi vrai sur un solo écrit). On parle souvent de “raconter une histoire”, d’avoir un “discours”, ce qui paraît assez abtrait et “magique” lorsque l’on débute… C’est en fait assez simple, dans le principe (c’est plus facile d’en parler que de le faire!).

La mélodie

L’idée est de commencer par une mélodie (très) simple, puis la développer. Rien de tel qu’un plan avec 3-4 notes pour démarrer un solo (on peut l’avoir préparé à l’avance si on n’est pas sûr de soi). Partir à 100% (avec 2000 notes/minute et un volume sonore à donf) dès le départ est souvent une mauvaise idée, à la fois pour capter l’auditeur et pour se mettre à l’aise. Car cette phase simple permet aussi d’écouter et d’entendre des idées.

Axes de travail:

  • Répéter une phrase simple, un motif qui sonne. En faire un trait récurrent qui attire l’attention de l’auditeur.
  • S’entraîner à faire des variations d’une même phrase. (voir détails plus loin).

Après avoir effectué des variations de cette phrase sur quelques accords/grilles, à force de tourner autour, de nouvelles idées vont apparaitre, et cela permet aussi de gagner en asurance (si besoin). Un trou dans l’inspiration? Revenir à cette idée initiale ou une autre phrase développée précédemment: on accroche l’auditeur, et cela permet de repartir sur autre chose ensuite. Ne pas hésiter à se répéter, et même au contraire, se forcer à le faire! (mais ne pas oublier le silence tout de même…)

La dynamique

Une autre façon de structurer son discours est de jouer sur la dynamique et le son. On commencera par exemple souvent (mais pas toujours, cela dépend du morceau et du style de musique) un solo calmement et simplement, pour augmenter ensuite le volume / la disto au fur et à mesure que le débit de notes augmente (ou pas). Ne pas hésiter à redescendre brusquement le volume et le débit (il faut pour cela savoir communiquer avec les autres musiciens pour leur faire comprendre de se calmer), pour repartir ensuite etc.

Jouer un solo “à fond les ballons” tout le temps est très vite lassant pour le public (et les autres musiciens). Rien de tel qu’une baisse (ou augmentation) de l’énergie brutale pour aussi re-captiver le public s’il a décroché.

Je me souviens de solos épiques de Basile Leroux, toujours structurés d’une manière similaire d’un point de vue dynamique, mais qui captivaient l’auditoire jusqu’au bout (même les non-musiciens) grâce à une montée en puissance continue, jusqu’à une apothéose finale avec disto et phaser en folie…

Le style

De la même manière, on peut jouer sur le contenu mélodique en utilisant des styles différents pour créer différentes parties dans un solo (s’il est long): par exemple alterner un jeu diatonique sur des gammes ou modes à 7 notes puis des plans plus bluesy, changer de mode ou de notes cibles pour souligner un changement d’ambiance, imposer une nouvelle direction.

Exercice: faire un “plan” avant de se lancer dans une improvisation: noter sur un papier une structure à respecter (changement de gammes, de dynamique, réutilisation d’un thème etc.). S’enregistrer et vérifier la conformité au plan initial.

Micro-structure et Variations

Au sein de cette macro-structure, voici quelques axes de travail pour construire ses phrases et créer des variations. Imaginez quelqu’un qui fait un discours pour convaincre: il va répéter, reformuler, utiliser des moyens rhétoriques comme poser des questions et y répondre lui même, insister sur certains mots, utiliser des synonymes etc. En musique c’est exactement pareil:

  • Formuler des questions / réponses. Une structure typique d’un thème en 4 phases: question / réponse 1 / question / réponse conclusive.
  • Variations rythmiques: prendre un motif mélodique et faire varier uniquement son rythme. On peut également modifier l’accentuation sur certaines notes.
  • Variations mélodiques: sur un motif, modifier une ou deux notes, en ajouter, en enlever.
  • Transposition d’un motif mélodique: répéter le même motif à la seconde, tierce, quinte, octave…

Exercice: se forcer à répéter plusieurs fois le même motif mélodique en utilisant une seule des méthodes citées ci-dessus. On peut ensuite les mélanger.

Bon travail! La suite des aventures au prochain numéro…

 

 

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